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Cours camarade, le virus est derrière toi !
Article mis en ligne le 5 mars 2021
dernière modification le 12 février 2021

Quand arrêterons-nous de pense covid ? quand arrêterons-nous de penser que celui que nous croisons est peut-être (pourquoi peut-être ?) porteur de ce petit truc qui peut nous emmener à l’hôpital ? Quand ? Perpétuellement penser à mettre un masque en sortant de chez nous, insupportable mais…

Essayons de penser en nous servant des écrits d’autres, de ces écrits qui aident à penser. « La période de confinement que la France a vécue au printemps 2020 a eu d’étranges effets sur le monde des idées. Des tendances qu’on pouvait y apercevoir depuis déjà une ou deux décennies se sont exacerbées, parfois jusqu’au délire. Des auteurs estimables, les uns philosophes patentés, d’autres essayistes talentueux, d’autres encore écrivains, cinéastes, artistes, journalistes plus ou moins habiles à philosopher, se sont affranchis de toutes les limites… » C’est comme cela que Jean-Pierre Dupuy, théoricien d’une certain effondrement analyse l’absence de pensée qui a envahit nos médias. Profitant du vide créé par l’irruption imprévue, impréparée, du virus des porte-paroles autoproclamés vinrent expliquer ce qu’il fallait penser. Certains dénoncèrent la trop grande importance accordée à la préservation de la vie par rapport à tous les autres soucis de l’existence. Ils allèrent nombreux à affirmer que la liberté était en danger ! C’était une énième répétition de « la liberté en chantant nous ouvre la barrière » et les morts afférents.

Pourtant il a les faits, les statistiques qui ne mentent pas complètement. Il y a nos proches et les proches de nos proches qui sont touchés et parfois succombent. Malgré cela nous avons été abreuvés de faits et de contre-faits (fake-news), de hold-ups sur des déclarations de soignants considérées comme mensongères. La méfiance, légitime, par rapport aux pouvoirs, de quelques sortes qu’ils soient à ouvert la voie à un autre discours. Jacques Rancièrerappelle que « si l’on refuse l’évidence, ce n’est pas parce qu’on est bête, c’est pour montrer qu’on est intelligent. Et l’intelligence, c’est bien connu, consiste à se méfier des faits et à se demander à quoi sert cette énorme masse d’information déversée sur nous chaque jour. À quoi la réponse se propose tout naturellement que c’est bien évidemment pour tromper le monde, car ce qui s’étale à la vue de tous est généralement là pour couvrir la vérité, qu’il faut savoir découvrir cachée sous l’apparence fallacieuse des faits donnés ».

Pourtant, cette épidémie, cette pandémie, comme la marée descendante, laisse apparaitre au plein jour le désastre d’une société agrippée à l’équilibre des comptes publics. On ne peut qu’être d’accord avecBruno Latour quand il dit « Il serait bien dommage de perdre trop vite tout le bénéfice de ce que la Covid-19 a révélé d’essentiel ». Quand il reprend l’injonction biblique des premiers et des derniers, il rappelle que comme à l’habitude, si rien ne change « les derniers seront les premiers » (de corvée) ».

Simultanément, derrière cette menace permanente, cette remise en cause totale de notre mode de vie, la menace du terrorisme islamique de plus en plus diffuse, affrontée lui-même au covid revient en force dans le débat public français, et seulement celui-là, sous le couvert d’un prétendu séparatisme. Les « territoires perdus de la République » risquant selon certains, au pouvoir ou y prétendant, de contaminer tout le territoire de cette même république. Comme si à la peur du virus il fallait rajouter une autre peur pour enfin incarner un sauveur suprême qui viendrait nous sauver sans rien changer.

Se pose aussi la question de la victimisation politique comme projet. Kamel Daoudconteste le fait de considérer à priori « que l’islam est la religion des victimes de la colonisation ». Ce qui empêche alors de contester cette religion comme n’importe laquelle autre. Toutes étant à un moment ou un autre, en un lieu ou un autre un instrument de pouvoir et de terreur.


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