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Christian Dupont
Manifeste pour une mort douce , libre et volontaire.
Les Editions Libertaires
Article mis en ligne le 17 janvier 2010

Depuis quelques décennies et après quelques faits divers retentissants, l’approche de la mort, en France, a commencé à s’émanciper d’un tabou interdisant toute intrusion humaine en la matière. C’est ainsi, notamment, qu’il y a maintenant une prise en charge de la douleur et un rejet de « l’acharnement thérapeutique ». Dans ce Manifeste pour une mort douce, libre et volontaire, Christian Dupont pousse cette logique émancipatrice à sa limite extrême puisqu’il demande purement et simplement « la reconnaissance publique, légale et officielle du droit à mourir, pour ceux qui le désirent, d’une mort douce, libre et volontaire ». Bref, ce livre revendique clairement le droit au suicide. Ce n’est pas rien ! Pour autant, ce livre va bien au-delà de cette revendication copernicienne. Pour Christian Dupont , en effet, cette reconnaissance du droit à mourir s’inscrit dans une philosophie générale consistant à « regarder la mort en face »et à « aller à la rencontre de la mort ». Dans ce livre il s’agit aussi d’une réflexion sur la vie et la mort. Et ça change tout, car dès lors que l’on conçoit, comme l’auteur, que la vie et la mort font partie d’un grand TOUT, la reconnaissance sociale du droit à mourir douce­ment, librement et volontairement donne tout son sens à une condition humaine placée sous le seul signe de la liberté. Dans le cadre d’une approche de la mort. Comme, et surtout, dans le cadre d’une approche de la vie. On en a brûlé vif pour beaucoup moins que cela !

Extraits

Plus j’avance en âge et plus la mort me frôle. Évidemment !
Ce qui m’inquiète, ce n’est pas la mort en soi, ce sont les conditions - de la mort et surtout le fait d’avoir à la subir dans le renoncement, l’im¬puissance et la perte de contrôle.

La soumission à l’inéluctable déchéance physique et mentale, le constat de notre incapacité à résister
à l’érosion du temps qui passe et qui conduit toute forme de vie vers sa dissolution finale, suscitent une fâcheuse tentation : la tentation de l’abandon et de l’acceptation de cette fatalité.

Or, la simple évocation de cette lâcheté me révulse du fait que je la sens absolument contraire à l’essence de mon humanité qui se situe, d’abord et avant tout déterminisme, dans la Silhouette ajourée... liberté.

 Renoncer à cette liberté serait la pire des humiliations, voire la trahison de notre véritable identité.

Ce qui me distingue de l’arbre qui se dessèche et meurt sur pied, de la fleur qui se penche et se fane, de l’oiseau blessé qui tombe à terre et attend sa fin, de l’éléphant solitaire qui à pas lents se retire dans la forêt pour s’y affaler et expirer son dernier souffle, ce qui me distingue du bloc de glace qui fond au soleil et disparaît dans sa dernière goutte d’eau, c’est la capacité qui me fut octroyée par la nature d’avoir le choix de ne pas subir.

En tant qu’humain, je suis un être naturel hors-nature.

Je veux donc choisir en toute lucidité et indépendance les conditions de mon départ, son lieu et son heure, dans la sérénité, avec l’accord de mes proches et l’accompagnement de leur estime et de leur affection, à l’occasion d’une réunion fraternelle et solennelle qui pourrait prendre la forme d’une heureuse cérémonie où sera honorée la liberté.

Que l’on me comprenne bien : la mort abordée sous cet angle n’est plus la ponctuation d’une désespérance ou le point de non-retour d’une atroce et ultime souffrance ; elle est, à l’inverse, la reconnaissance et l’assumation complète des cycles naissance-vie-mort, sans la peur, sans la révolte, sans l’angoisse d’une perte irrémédiable, mais à l’opposé, une réconciliation profonde avec la loi que la nature nous impose.
Acceptation par le choix et non par la résigna¬tion. Acceptation au niveau de notre nature humaine.

Jusqu’alors, le sujet du suicide légitime n’a été franchement abordé que par le biais de l’euthanasie compassionnelle.

C’est, incontestablement un progrès dans la réflexion sur la mort volontaire et le premier ébranlement d’un tabou culturel bien ancré dans nos juridictions, nos religions millénaires et la majeure partie du corps médical lié par l’antique serment d’Hippocrate.

Mais s’en tenir au débat sur le bien-fondé ou le mal-fondé de l’euthanasie occasionnelle nous maintient encore à l’écart du vrai sujet.

Ma vie individuelle appartient-elle à un État ? Est-elle la propriété d’une société et de ses lois......lire la suite


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