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Jean-Manuel Traimond. Photos Christiane Passevant
Ministère des finances : un architecte de poids
Un guide méchant [et parfois moche] de Paris
Article mis en ligne le 15 septembre 2009
dernière modification le 21 septembre 2009

On doit à Paul Chemetov des bâtiments d’une légèreté de fée, tels le ministère des finances de Bercy, monumental enjambement qui a inspiré à Horace Léon ce passage de Présence des armes : « Comment ne pas trouver aux deux piliers qui plongent dans la Seine un vilain air de bottes d’un soldat géant bien que sans tête ? M. Chemetov a justifié son parti architectural en y voyant une porte de Paris. Et bien, même si l’argent ouvre toutes les portes, M. Chemetov devrait se contenter de construire des portes de service. »

Combien de ministres des finances savent que l’on doit le mot « silhouette » à l’un de leurs prédécesseurs ? Jacques Cellard, dans Godillot, Silhouette & Cie, (Belfond) raconte que le 4 mars 1759, Etienne de Silhouette est nommé Contrôleur Général des Finances de Louis XV. Il sait où le bât blesse ; l’encre de sa nomination n’a pas séché qu’il supprime des pensions, réforme la perception de l’impôt, annule des myriades d’exemptions et crée un impôt de 5% sur les terres des nobles.

Ses cibles réagirent en portant des culottes à la Silhouette, sans poches puisque Silhouette prenait tout, des vestes à la Silhouette sans plis puisqu’on ne pouvait plus payer le tailleur, des tabatières à la Silhouette en bois brut, en ce temps où les rois montraient leur satisfaction en offrant des tabatières d’or. Silhouette fut renvoyé dès le 21 novembre 1759 ; 1765 vit les premiers portraits à la silhouette, des profils découpés dans du carton noir glissé sur un médaillon blanc, qui font l’économie des détails et de la couleur.


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